Voyage de printemps à Kyôto
Le complexe du Byôdô’in, en-dehors du Hôôdô, édifice multi-centenaire, abrite plusieurs autres temples édifiés tout au long de l’époque Edo (1600 – 1868)
Les divers bâtiments bouddhiques du complexe, éclipsés par la renommée de l’exceptionnel et populaire Hôôdô, sont d’obédience zen…

Rakandô – Petit sanctuaire dédié aux disciples « historiques » du Bouddha
Le bâtiment construit en 1640, au début de l’époque Edo avec un toit de style Irimoya est typique de l’architecture zen
…ils ne brillent pas pour leur célébrité et ressemblent aux milliers de temples de même style composite rencontrés partout au Japon
Heureusement, ces lieux de culte, intégrés de façon tout à fait naturelle dans des jardins, ménagent bien d’agréables surprises …

Le site du Byôdô’in occupe une colline boisée plantée de cerisiers de la variété Somei Yoshino, les Sakura d’un blanc immaculé

Jôdo’in – Les cerisiers blancs et Shidare zakura, les cerisiers pleureurs roses surgissent au détour des vérandas et galeries des sanctuaires
…car les sites choisis privilégient les endroits boisés et les irrégularités naturels du terrain
Souvent la nature s’invite, envahit puis déborde des espaces consignés autour des sanctuaires

Auprès de l’enceinte des temples, le rose vif des exubérants buissons de camélias (variété Camellia sasanqua)
Le cheminement entre les bâtiments se fait au milieu de jardins dont le décoratif tiré au cordeau n’est pas précisément la règle !
Les lanternes de pierre, avant d’égayer les jardins privés, guidaient les fidèles dans le dédale des cours des temples lors des célébrations nocturnes, elles remplissent d’ailleurs toujours ce rôle lors de cérémonies exceptionnelles

Ishidôrô d’une hauteur de 2,50 m – Début de l’époque Kamakura – XIIIe siècle
Lanterne appelée Kasuga gata en référence au style du Kasuga taisha, le temple ancien Kasuga à Nara, célèbre pour ses milliers de lanternes
En présence de temples à l’architecture hétérogène, je m’attache surtout aux détails qui, bien qu’astreints à de respectueuses soumissions aux canons dogmatiques, fourmillent quand même de particularités bien attrayantes

Jôdo’in – Sous les toits, les frises ajourées sont toujours éclectiques
Frise aux motifs de Fuji, les glycines encadrant les inévitables Shishi, les chiens-lions protecteurs
Le temple le plus grand est d’obédience zen, les bâtiments monastiques se reconnaissent aux murs de pisé blanchis à la chaux entre les poutres brunes de soutènement et les élégants treillis de bois sur les façades
Entre les dépendances du même temple, de grandes surfaces nues recouvertes de graviers blancs permettent aux pas de pierres de sacrifier au goût prononcé pour l’asymétrie
L’esthétique architecturale du bouddhisme Zen vise à la sobriété décorative, l’austérité d’un environnement quotidien ne peut que favoriser l’ascèse et la maîtrise de l’esprit

Jôdo’in – Simplicité des Shôji, les portes coulissantes où le papier Washi blanc apporte un contraste singulier avec le bois brun
La répétition des constructions évite pourtant la monotonie…
…grâce aux détails sobrement sculptés sur les impostes des Shôji, les portes coulissantes…
…par les formes élégantes des fenêtres cintrées au treillis de minces baguettes de bois…

Katô mado – Fenêtres dont le haut symbolise des flammes et dont les courbes du bas s’élargissent en douceur
…et des balustrades des escaliers, décorations dont le style varie énormément selon les époques

Jôdo’in – Balustrade aux extrémités en forme de bulbe typique du XVIIe siècle
Rappel de la forme du joyau bouddhique
Les toits sont surtout l’objet de mon attention car j’en aime particulièrement les acrotères dont les têtes d’Oni, les diables redoutables chargés de contrecarrer les forces du mal sont toujours différentes

Jizôdô – Petit temple consacré au Bosatsu Jizô
Hôgyô zukuri, le toit carré « en forme de joyau » est relativement rare dans l’architecture du Japon

Détail du toit du Jizôdô – Le sommet du toit s’orne de Manji, les svastikas symbolisant la Roue cosmique du bouddhisme

Détail du toit du Jizôdô – Acrotères et embouts de tuiles faîtières ornés du symbole Mitsu domoe censé protéger contre l’incendie
Les figures d’Oni s’ornent de mousse en guise de barbe végétale !
Les temples d’obédience zen ne comportent que peu de figurations divines, chaque bâtiment étant consacré à une déité bouddhique importante…
…même si des autels latéraux réservent une place à des sculptures et des figurations peintes de divinités mineures
Le bodhisattva Kannon est une figure très vénérée, Bosatsu de la compassion il est chargé d’accompagner les défunts dans le long chemin menant à l’au-delà

Funanori Kannon – Détail
Copie remplaçant une statue ancienne volée juste à la fin de la guerre
Figure offerte pour la célébration des 950 ans de la fondation du Byôdô’in
Les temples accordent aussi une place à la vénération funéraire en abritant les tombes de héros historiques
Minamoto no Yorimasa, guerrier mais aussi reconnu comme poète ! un des belligérants pendant la guerre de Genpei fut vaincu sur le pont d’Uji et acculé à la fuite par les forces ennemies des Heike, se suicida rituellement par Seppuku à l’intérieur du Hôôdô du Byôdô’in en 1180

Byôdô’in – Yôrin’an shoin – Temple édifié en 1601 renfermant les trésors anciens du Hôôdô
Le toit, à peine incliné, à la place des toits de briques habituels des temples bouddhistes, est recouvert d’écorce de cyprès comme les sanctuaires shintô
Les grands temples zen du complexe ne permettent pas les visites à l’intérieur des bâtiments même si ceux-ci recèlent nombre de trésors artistiques répertoriés comme « Biens culturels importants »
…Reste l’imagination et le rêve !
La fin d’après-midi où l’affluence touristique fut enfin dissipée, nous laissa une grande latitude pour profiter calmement des lieux que nous disputèrent seulement quelques oiseaux !
A Uji, les cerisiers toujours…
Toujours aussi beau! Que de jolis détails! Merci encore une fois.
Sylvie63.
Merci Sylvie, de votre intérêt constant pour mes articles
Encore une bien jolie promenade que vous nous offrez là…Bravo et merci à vous 🙂
Encore quelques photos à venir pour parachever cette journée…Merci de me suivre si régulièrement
Où connaissance et méditation vont ensemble…@ bientôt Marie Claude…et merci
Merci Ella, de votre résumé lapidaire qui tombe toujours juste !